Aïcha
Kandicha est un personnage légendaire qui a une réputation dans le milieu
populaire et dans l’imaginaire collective des gens, tantôt héroïque, tantôt
diabolique. Depuis des siècles, parmi les contes racontés à son propos, celle
qui l’illustre comme « une mule des cimetières », qui n’est, selon la légende,
qu’une veuve qui n’avait pas respecté les règles religieuses de deuil. Ainsi,
elle s’est métamorphosée en femme avec des jambes de mule ou de chamelle.
Plusieurs
dénominations similaires à Aïcha Kandicha sont attribuées à ce personnage,
telle Aïcha l’Bahrya (nautique), Aïcha Moulat l’Merja (possesseur de l’étang),
Aïcha Soudania (africaine) ou l’Gnawya (de la Guinée).
À ce
propos, deux récits s’avèrent plus proche de la réalité que de l’imagination.
Le premier raconte qu’Aïcha avait
une beauté séduisante, et quiconque la voyait ne peut contrôler ses émotions
devant son charme.
Elle habitait dans un douar à la
région de Jorf Lasfar, à côté d’El Jadida. Quand les portugais envahissaient
cette région en XVe siècle, Aïcha était la première femme qui avait mené une
guérilla contre les portugais.
Les portugais attaquaient en premier
lieu le douar d’Aïcha, et ils massacrèrent tous les habitants y compris sa
famille, Aïcha n’étaient pas au douar à ce moment-là ; quand elle revint, et
devant cette cruelle génocide, elle avait eu un choc psychique.
Après, elle avait rencontré un
soldat portugais, qui s’appela MacDougall, (le Wali Sidi Majdoul, aujourd’hui),
qui l’avait violée et harcelée. Mais elle l’avait tuée, par la suite.
De ce fait, l’idée de venger sa
tribu, sa famille et elle-même, lui vint à la tête. Elle commença sa mission en
cherchant des soldats seuls et égarés afin de les séduire, en se montrant et se
cachant devant eux, jusqu’à ce qu’ils se désorientèrent, et ils la suivirent,
elle les ramenait à des endroits isolés et les tua.
Vu le danger menaçant ses soldats,
les portugais s’élancèrent à la recherche du personnage en question.
À cette époque-là, il y avait un
grand commerçant ambulant, conduisant une caravane de région en région, nommé
Sidi Ahmed El Mesnaoui, et qui était en même temps un wali, au moment où il
avait passé par la région où Aïcha se trouvait, elle était allée le rencontrer,
et après avoir lui raconta son histoire et lui demanda de l’aider à quitter la
région où les portugais la cherchaient, le commerçant accepta. Cette nuit-là il
l’enroulait dans un tapis et la mettait avec sa marchandise, la caravane marcha
plusieurs jours, Aïcha ne sortait de sa cachette que la nuit.
Dans une nuit, les commerçants
accompagnant la caravane, avaient vu Aïcha, et étant donné son charme était
séduisant, chaqu'un d’entre eux voulait s’emparer d’elle, un combat s’était
éclaté entre les caravaniers, Sidi Ahmed El Masnaoui s’était tué, cette
nuit-là, cela avait eu lieu à côté de la région de Sidi Rahal, et elle,
s’enfuit.
Sidi Rahal, à cette époque, était
encore vivant, et adorait Dieu dans les montagnes près d’Ouarzazate, Aïcha
allait le rencontrait et puisqu’il était Fekih, adorateur et soufie, elle lui
avait fait confiance, et lui raconta son histoire.
Beaucoup des walis et des saints
avaient coopéré avec Aïcha dans sa quête de vengeance, ils l’avaient cachée,
soutenue, jusqu'à ce qu’elle construisait une armée des résistants, qui avaient
combattu les colonisateurs, avec des haches, des fauches et des fourches.
Elle avait pu créer la terreur dans
les rangs des soldats portugais, qui avaient cru qu’elle ne s’agissait pas d’un
être humain mais d’un être féerique, c’est ainsi qu’elle avait créé l’horreur
au fond des envahisseurs, qu’ils l’avaient surnommé « Aïcha la Contessa » qui
signifié « Aïcha la comtesse », et bien sur le nom s’est métamorphosé au niveau
de la prononciation, ce qui avait donné, par la suite le nom de « Aïcha
Kandicha ».
Des années passé, Aïcha mourut, mais
personne ne sait où se trouve son tombeau.
Le deuxième récit raconte l’histoire
d’une femme qui était une « comtesse » andalouse issue d’une noble famille
mauresque ; elle était expulsée en XVIe siècle avec sa famille de l’Espagne, et
elle était installée au Maroc, et commença à lutter contre les portugais, en
collaboration avec l’armée marocaine.
Elle était tellement courageuse et
dangereuse que certaines personnes, y compris les portugais, l’avait considérée
comme un être diabolique. Ainsi, « Aïcha la comtesse » avait pu avoir une
réputation incontestable chez les résistants, et chez tous les marocains, parce
qu’elle avait combattu le colonialisme avec bravoure et intelligence.
On raconte aussi, que parfois, elle
maniait des méthodes bizarres, puisque elle était si charmante, elle séduisait
les soldats portugais pour qu’ils la suivaient, et elle les attirait aux
vallées et aux étangs, et là, elle les égorgeait.
Suite à ces effets, les portugais
avaient été terrifiés, ce que les avait poussé à croire que c’était un être
diabolique, et non humain.
Certains historiens disent qu’elle
était morte à la bataille d’Oued Al-Makhazin, mais sa dépouille n’a jamais été
trouvée.
Ces deux histoires, que nous venons
de raconter en haut peuvent être considéré comme plus proche de la réalité, et
qu’un esprit rationnelle et logique peut admettre comme une évidence.
Bien que les histoires racontées au sujet de cette femmes mystique, Aïcha reste une légende qui enrichit le patrimoine marocain protéiforme en sa culture.